Les rues piétonnes de la ville

Admin MJ Humeur : The End is near

Les rues du joyau de la Sardaigne sont calmes et douces en cette belle soirée de Septembre. Dès lors que l'on s'éloigne un peu des grandes places touristiques ne subsistent que de vieilles et pittoresques bâtisses, ainsi que l'occasionnel badaud qui déambule, dans des buts qui ne sont connus que de lui.

Dernièrement on a entendu des rumeurs sur un bar BIZARRE qui serait MAGIQUE ou je sais pas trop quoi. L'équipe de terrain du journal local est sur le coup ! L'équipe de choc est constitué de Ignàtziu Orrù, le reporter aventureux, et de... euh... et c'est tout.

Le reporter sarde est donc là. Il marche dans les rues sans trop savoir vers où il se dirige ni qu'est-ce qu'il cherche exactement. En gros, il doit chercher un bar "mystérieux", entouré de brume et qui voyage à travers l'espace et le temps...

Ignàtziu n'est pas trop emballé à la base. Il ne croit pas trop aux légendes urbaines puisque ce sont des légendes. Puis lui il voulait faire du journalisme SÉRIEUX. Mais bon... Il veut continuer de percevoir son salaire et puis ça lui fait une balade gratos.

Il jette un coup d'œil à un peu tous les bars et il passe son chemin si il les trouve pas "mystérieux" puis il regarde si y a pas de la brume quelque part.

Il y a en vérité peu de bars dans ce coin tranquille de la ville. A l'occasion, l'un ou l'autre café réunissant les aînés du coin, qui ferme déjà ses portes à cette heure. Tandis que le temps est pour l'heure au beau fixe, il entend soudain des cris au loin, devant lui, alors qu'il aperçoit l'enseigne lumineuse d'un bar à une centaine de mètres environ !

Oh non ! Quelqu'un a besoin d'aide ! Il dégaine son téléphone et accourt dans la direction des cris.

-Figlio di Puttana !

A l'extérieur d'un bar plein à craquer, trois hommes vraisemblablement éméchés se battent, sous le regard consterné du propriétaire des lieux. Ils portent des tee-shirts de foot : deux d'entre eux, les plus petits, portent celui du Cagliari Calcio. Le plus grand, en difficulté, porte celui de l'AS Roma. A l'intérieur du bar, les clients regardent un match de Serie A. Notre journaliste saura probablement reconstituer la scène.

Euh... Ces hommes sont ivres, il ne les résonnera jamais. Alors il entre dans le bar pour y jeter un coup d'œil. Il ne voit pas de brume aux alentours et la scène à l'intérieur du bar n'a pas l'air particulièrement mystérieuse donc il ne s'attend à rien d'extraordinaire.

Un groupe de supporters passablement alcoolisés mais tout à fait normaux par ailleurs regarde un match de foot sur une grande télévision accrochée au mur, réagissant avec force enthousiasme ou injures à chaque action. 2-2 entre Cagliari et Rome, à la 81ème minute. Quand il entre, un serveur lui propose une bière, en dépit d'un regard en coin : le journaliste si bien habillé détonnait un peu avec l'ambiance.

Le journaliste rejette poliment la proposition avant de sortir du bar. À l'extérieur il part à la rencontre du propriétaire.

"Bonsoir. Vous n'auriez pas entendu parler d'un bar concurrent qui se serait installé récemment dans le coin ?"

Le propriétaire, un vieil homme affable qui surveillait du regard le supporter de la Roma légèrement amoché s'éloigner à pied du bar en clopinant, se tourne vers Ignatziu, quelque peu perplexe.

-Hein ? Non, non, mon garçon. Ce serait peine perdue pour eux, tout le monde vient ici de toute manière, ah !

Puis le vieillard se détourne pour retourner dans sa propriété, en ajoutant.

-Venez, vous allez rater la fin du match !

Le temps commençait cependant à se couvrir, contredisant les prédictions météos.

"Ça ira, merci."

Ignàtziu lève les yeux au ciel et le remarque se couvrir. Les prévisions du journal ne seraient donc pas si fiables que ça ? Le temps de vérifier sur un site météo sur son téléphone portable, il s'adosse au mur d'un bâtiment quelconque en face du bar et s'autorise une pause carambar. Il sort un carambar à la fraise de sa poche et commence à le déguster, sans prendre la peine évidemment de lire la blague de l'emballage.

Sur son téléphone... Pas de réseau. Curieux. Alors qu'il déguste son (délicieux) Carambar, le match se finit dix minutes plus tard et les supporters, visiblement déçus voire hargneux, quittent petit à petit l'endroit. L'ambiance se calme et le patron aidé de ses employés commence à ranger le bazar laissé par ses clients, tandis qu'un brouillard semble se lever sur les rues de la ville.

Woowww!1!1!1! trop CHELOU!1!1! En fait non. Même si on est en 2020, c'est pas si rare les ruelles sans réseau, le brouillard n'est pas un phénomène surnaturel et le bar qu'il a en face de lui a l'air tout à fait normal. Il est serein et rationnel, il ne s'inquiète pas plus que ça.

Les derniers clients quittent petit à petit le bar, le très serein journaliste finit son Carambar, et le brouillard continue de se lever en cette jolie soirée.

Il n'y a plus rien à voir ici alors il se redresse et poursuit son exploration.

Alors qu'Ignatziu avance désormais totalement à l'aveugle dans une véritable purée de pois et - pour un temps - un silence pesant, le bruit d'une petite clochette se fait entendre au loin.

C'est BIZARRE ça... Y a un berger qui a ramené ses moutons MDR ? Quoiqu'il en soit Ignàtziu se met à marcher dans la direction du bruit.

Poursuivant sa route à l'aveugle, Ignatziu avance, ce qui est curieux dans une ville comme Cagliari, sans aucun obstacle et dans une stricte ligne droite pendant plusieurs minutes, sans rien pouvoir discerner autour de lui. Le tintement se fait de plus en plus fort, de plus en plus pressant alors que le journaliste s'en approche.

C'est... ÉTRANGE... Il regarde le sol pour voir si ce sont toujours les pavés de Cagliari. Et ce brouillard est un peu trop épais... HMMM... Tout cela a certainement une explication rationnelle et il est certain qu'il n'en est pas loin. Il avance en direction du tintement autant qu'il avance dans son déni.

Autant qu'il puisse le dire, il s'agit bien des pavés de Cagliari, mais difficile d'en être sûr tant les conditions météorologiques sont déplorables. Alors qu'il poursuit sa route, il aperçoit dans la distance un éclat doré qui perce la brume.

En vrai, il fait nuit, la brume est très épaisse, il est pas très rassuré. Alors quand il voit l'éclat doré, il presse son pas pour retrouver la civilisation au plus vite.

Il marche, il marche, jusqu'à arriver à la source de cet éclat. Lui qui connaissait bien la capitale Sarde était tout à fait certain de n'avoir jamais rien vu de telle dans la ville. Une clochette dorée, qui semblait être la source du tintement plus proche et plus obsédant que jamais, était accrochée à une bâtisse en ruine, dont les planches de bois noircies détonnaient complètement avec l'architecture de la ville. Ce qui semblait être un vieux bar américain délabré trônait désormais devant Ignatziu comme le seul refuge possible contre cette envahissante brûme.

"Mais qu'est-ce que..." verbalise-t-il.

Ça, il ne saurait pas l'expliquer. Qu'est-ce qu'un vieux bar américain fout en plein milieu de Cagliari ? En tout cas ce n'est qu'une vieille bâtisse en ruine, pas le bar mystérieux et magique où le gouvernement fait des expériences de voyage spatio-temporel promis par la fameuse légende urbaine... Bon, vu qu'il est là, il décide d'explorer les ruines, c'est le moment URBEX ! Il tente d'ouvrir la porte pour entrer.

La porte demeure désespérément close. Impossible de l'ouvrir pour Ignatziu, peu importe à quel point il s'y acharne. Pendant ce temps, si la clochette à l'entrée reste immobile, son tintement n'a pas cessé, avec une curieuse régularité.

Euh... Ok, là c'est bizarre la clochette qui fait ding ding sans bouger. Il prend son téléphone portable et filme la clochette et le bar si ça lui est possible. Il donne une pichnette à la clochette juste pour voir ce que ça donne.

Dès lors qu'il donne une pichenette à la clochette, celle-ci ne tinte plus, non; elle retentit dans un vacarme qui se fait assourdissant, son écho assaillant les tympans du journaliste, et lui causant une douleur abominable alors que le son résonne à l'intérieur de sa boîte crânienne. Ce terrible épisode dure une dizaine de secondes, peut-être un peu plus... Puis le silence. Lorsqu'il se remettra alors, Ignaziu n'aura plus, devant lui, la même bâtisse qu'auparavant. Désormais, loin du tas de ruines qui lui faisait précédemment face, il peut observer un bar typique des années 70, qui paraît animé et plein de vie. Si l'intérieur est caché par des rideaux pourpres, Ignatziu peut percevoir l'ambiance chaleureuse qui y règne. Des airs de jazz doux et mélancoliques se font entendre, ainsi que des bruits de pas et de verres qui tintent, tandis qu'au dessus de la façade bleue, des néons de la même couleur indiquent le nom de l'endroit : Blue Moon.

"AHHHHHHHHHHHH !!!!" s'écria-t-il avant de hurler des jurons dans lesquels les MAMANS sont injustement intégrés à l'histoire. Mais Ignàtziu peut se déculpabiliser puisque c'est scientifiquement démontré que les insultes peuvent aider à mieux supporter la douleur. Il appuie fortement ses mains sur ses oreilles pour réduire du mieux qu'il peut le volume qu'il perçoit du vacarme.

Après que le silence soit enfin revenu après des secondes qui lui ont paru interminables, l'écho du vacarme se dissipe doucement dans un sifflement sourd de ses oreilles. Sa respiration est haletante et ses cordes vocales l'irritent un peu. Il reprend son esprit et son souffle et il se racle la gorge.

Le reporter a alors l'occasion de constater la présence du bar typique des années 70, animé et plein de vie, qui a l'air en bon état, en lieu et place de la ruine qu'il a vu juste avant. Une pensée lui échappe dans un murmure : « Putain, c'est quoi ce bordel ? ». Il replace correctement son téléphone face à lui pour filmer le bar. Puis il pénète l'établissement. Il va enfin savoir si c'est un bar normal, un bar mystérieux ou un bordel.

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