Une rue dans un petit village de la périphérie tourangelle

Admin MJ Humeur : The End is near

Dans ce petit village en pleine campagne, la vie est paisible, simple et calme, et ce soir de Septembre n'est en rien différent des autres à cet égard. Les rues sont peu animées, et si le temps est frais, il n'a rien d'insupportable.

Une jeune femme se promène gaiement, une baguette sous le bras, et le pas dansant elle chantonne en regardant partout ailleurs que devant elle. C'est peut-être la fin de l'été, mais ça ne l'a pas empêchée de porter sa jupe et la faire danser avec elle !

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La rue est telle qu'Eve la connaît : des arbres, des maisons de pierre, et l'un ou l'autre senior promenant son canidé. Mais alors qu'elle passe devant un pavillon sans regarder devant elle, la jeune femme se fait percuter par un bambin d'environ six ans, déboulant depuis son jardin à vitesse grand V sur son vélo (équipé de petites roues).

-Aïeuh !

S'écrie le petit tombé au sol, qui semble sur le point d'éclater en sanglots.

-Mon vélo... il est pas cassé mon vélo hein ?

Sans égards pour la jeune femme qu'il vient pourtant de bousculer, le petit se relève aussitôt en dépit de ses genoux assez esquintés, pour s'enquérir de l'état de son vélo.

Eve retombe aussitôt de son petit nuage et constate le terrible résultat de son étourderie. Elle lâche immédiatement sa baguette de pain et son petit sac à main pour se précipiter vers l'enfant et l'aider à reprendre son vélo.

- Oh, je ne t'avais pas vu ! Tu ne t'es pas fait du mal ??

Elle essaye d'inspecter le gamin, visiblement inquiète.

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Le petit est un peu trop agité pour permettre à Eve de l'examiner correctement. Il semble s'être cogné les genoux au sol et saigner légèrement, mais la plaie semble être superficielle : en tout cas, il n'a pas de difficultés particulières pour marcher. En revanche, il se met à geindre pour de bon une fois arrivé devant son vélo.

-NAAN ! Il est tout cassé !

Aussitôt, les larmes lui montent aux yeux et il sanglote bruyamment; mais si Eve jette un œil à la bicyclette, elle pourra s'apercevoir que la chaîne a simplement déraillé.

Eve ne sait pas où donner de la tête. C'est très gênant de faire pleurer un enfant ! Elle remarque le sang et prête peu d'attention à l'état du vélo.

- Oh, ne bouge pas petit garçon ! Je vais te soigner !

Avec la magie très exceptionnelle de la bave dans un mouchoir ! Elle se précipite vers son petit sac à main qu'elle avait laissé tomber par terre plus tôt afin de récupérer un mouchoir, l'humidifier et venir nettoyer la plaie pourtant insignifiante du petit garçon (s'il la laisse faire).

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-J'veux pas !

Le gamin, qui se trouve par ailleurs être un petit blondinet portant un short et un tee-shirt de football, ne se laisse pas faire et continue de sangloter.

-J'veux juste mon vélo. Si mon père voit ça j'vais me faire défoncer madame, alors que, alors que c'est de votre faute en plus.

Eve laisse tomber le mouchoir comme s'il disparaissait complètement de sa vie en un clin d'œil et elle se penche vers le vélo.

- Je suis sûre qu'on peut réparer ton petit vélo ! On peut toujours tout réparer !

Elle porte son attention sur la chaîne. C'est là qu'il semble y avoir un problème. Elle ne s'y connait pas du tout en vélo, mais c'est un vélo pour petit garçon de six an, alors... elle essaye ! Elle essaye de la remettre correctement.

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Elle y arrive sans trop de peine, un peu de jeu sur les pédales ayant suffi à faire l'affaire. Le petit garçon mettra un moment à se rendre compte de la prouesse d'Eve, tout à son caprice, mais il finira par rouvrir les yeux et à les frotter.

-T'as, euh, vous avez réussi madame, pour de vrai ?

Séchant ses larmes aussi vite, le garnement se précipite vers la bicyclette pour essayer de remonter dessus. C'est seulement alors qu'un jeune adolescent habillé en survêtement Nike sort du pavillon d'où venait le bambin.

-Théo, qu'est-c'que tu fous dehors à cette heure-là ?

Apercevant Eve, il rougit légèrement et s'adresse à elle.

-J'suis désolé madame, mes parents sont sortis et il fait que des conneries. J'devais le surveiller, mais... enfin, je pensais qu'il dormait à cette heure là.

Eve se redresse et son visage s'illumine.

- Le petit vélo est réparé !

Elle s'apprêtait à applaudir pour célébrer le petit miracle mais remarque le plus grand garçon approcher et s'excuser. Eve lui adresse un chaleureux sourire.

- Oh, ce n'est rien du tout du tout ! Mais, nous avons eu un petit accident...

Elle cherche quelque chose sur elle avant de remarquer que son petit mouchoir en question est au sol. Elle ne s'est pas tout de suite rendue compte qu'elle l'avait laissé tomber par terre un peu plus tôt. Et comme il est sale maintenant, elle ne peut pas s'en servir pour nettoyer la mini plaie du mini garçon.

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Tandis qu'ils discutent, le temps semble se couvrir. Un brouillard se lève petit à petit et recouvre progressivement la rue, s'ajoutant à l'obscurité pour rendre la circulation hasardeuse. Sans y porter attention, l'adolescent répond après avoir jeté un œil aux genoux de son petit frère.

-Oh, vous en faites pas, j'ai de la Biseptine à la maison. Allez Théo, dis merci et au revoir à la dame, et tu rentres.

Le ton du garçon ne semblait pouvoir souffrir d'aucune contradiction, si bien que le petit, à contrecœur, s'exécute.

-Merci madame pour mon vélo... bonne nuit.

Relevant la petite bicyclette réparée par Eve sur ses roues, il commence à l'amener vers le pavillon en marchant à côté sous le regard du grand frère.

-Encore désolé du dérangement.

Ajoute-t-il simplement, visiblement nerveux - peut-être n'avait-il pas souvent l'occasion de s'adresser à une jeune femme telle que notre héroïne.

D'un geste de la main, elle balaye les inquiétudes de l'adolescent.

- Ce n'est rien du tout. Bonne nuit ! Faites de beaux rêves !

Eve regarde les garçons rentrer chez eux et leur fait même coucou avec la main, avant de remarquer le temps se couvrir. Elle se souvient alors qu'il est tard et qu'elle doit rentrer chez elle. Les boulangères se lèvent toujours très tôt, alors il faut aussi dormir tôt ! Elle se dépêche de récupérer son petit sac, puis sa baguette sur laquelle elle souffle pour retirer peut-être de la terre ou des saletés. Puis, elle reprend sa route, cette fois sans les pas de danse.

Le mouchoir a encore quitté son esprit, puisqu'elle ne l'a pas ramassé.

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Les deux garçons rentrés chez eux, la jeune femme pourra poursuivre sa route délestée de son mouchoir; mais tandis qu'elle remonte cette rue si familière, la brume s'épaissit à une vitesse surprenante, si bien qu'il lui est rapidement impossible de voir le bout de la rue - et cela ne va qu'en s'aggravant. Le calme habituel du village se change par la même occasion en un silence quasi-total qui a quelque chose de pesant.

Eve hausse les sourcils et regarde autour d'elle. Cependant, il semble qu'elle ne puisse rien voir ! L'inquiétude la gagne déjà, et plutôt que de ralentir, elle fait l'inverse et hâte le pas à l'aveugle, pressée de rentrer chez elle plutôt que d'affronter cette météo capricieuse.

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Quelques instants passent et la brume recouvre désormais entièrement Eve ainsi que les bâtiments qui l'entourent. Elle marche plusieurs minutes... Ne devrait-elle pas être arrivée, désormais ? Il est difficile pour elle de discerner quoi que ce soit à plus de deux mètres de distance, ou de déterminer où elle se trouve. Complètement prise dans cette mystérieuse brume et le silence assourdissant qui l'accompagne, la jeune femme navigue désormais à l'aveugle.

Le silence qui s'est installé est constamment tabassé par les bruits que font les talons d'Eve claquant contre le sol. En effet, elle continue d'avancer (de trottiner, même), malgré qu'elle ne voit absolument rien. Elle a les yeux plissés, le sac à main à l'épaule, la baguette de pain sous le bras gauche et la main droite tendue devant elle. Elle a peur.

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Notre héroïne pourra après une ou deux minutes supplémentaires entendre autre chose que le bruit de ses propres talons : au loin, le son d'une cloche se fait entendre, régulier, presque cristallin. C'est désormais à peu près la seule chose que ses cinq sens lui permettent de percevoir, hormis son propre corps et la sensation du sol sous ses pieds.

Eve continue d'avancer rapidement et la panique gagne tout son être. Elle devrait déjà être arrivée à la maison, et en plus elle ne sait plus où elle est ! Ses oreilles sifflent, sa tête chauffe, son cœur bat anormalement vite. Et dès que ses oreilles jurent avoir entendu autre chose que le bruit de ses chaussures, Eve rebondit de peur et sa paranoïa se déchaine.

- Baaaaah !

Elle prend sa baguette de pain bien en main et la dresse comme s'il s'agissait d'une arme.

- Q-q-qui est là ? J'ai une baguette et j-je n'hésiterai pas à m'en servir !

Une rue dans un petit village de la périphérie tourangelle CalmVillainousAsianpiedstarling-size_restricted

N'importe quel amateur serait capable de le repérer au premier regard. Il s'agit d'une baguette de pain de ce matin. Elle a eu le temps de durcir ! Eve regarde autour d'elle, mais maintenant qu'elle n'avance plus, elle n'entend plus rien... jusqu'au prochain tintement de cloche. Elle se tourne vers l'origine du son et avance doucement, silencieusement, comme un petit chat dans la nuit, tous les sens en éveil, prête à balancer son pain de droite à gauche si un malfrat se précise dans la brume...

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Personne ne répond à sa menace, et aucune menace (apparente) ne se présente à l'horizon. La courageuse guerrière à la baguette peut poursuivre sa route vers le tintement de cloche sans rien avoir à craindre, excepté peut-être l'ambiance lourde et pesante qui régnait désormais dans les rues du village.

Eve continue d'avancer lentement et avec grande précaution, mais son état de stress si intense peut la faire virer du tout au tout en un instant. Son objectif est de rejoindre le son de la cloche, et même si elle risque de prendre beaucoup de temps à cette allure, alors tant pis ! Elle a bien trop peur pour se montrer impatiente.

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(Très) lentement mais sûrement, Eve progresse vers le son de la cloche, naviguant à l'aveuglette dans cette brume hermétique, quand enfin apparaît à l'horizon une lueur dorée, intense, perçant la purée de pois, dans la direction d'où vient le tintement de cloche.

Un sourcil se lève. Eve s'arrête un instant et regarde en direction de cette lueur bien curieuse. Elle se penche en avant et plisse les yeux, comme si ça allait l'aider à mieux voir. Elle essaye de comprendre à distance qu'est-ce que cette lueur si étrange et même inattendue !

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A cette distance, il n'est pas vraiment possible pour Eve de voir ce dont il s'agit : mais étant donné la couleur et la taille de cet éclat, ainsi que le son qui en provient, il est possible d'imaginer qu'il s'agisse tout simplement de la cloche à l'origine du tintement. Mais il n'y a qu'un seul moyen pour s'en assurer...

La curiosité d'Eve l'emporte sur tout le reste. Et puis en plus, si c'est ce qu'elle imagine être peut-être potentiellement si possible une CLOCHE, alors ça fait tout de suite moins peur ! Le pas un peu plus en confiance, elle décide de s'approcher jusqu'à voir définitivement de quoi il s'agit.

Lorsqu'elle arrive au niveau de l'éclat doré, elle voit effectivement qu'il s'agit d'une petite cloche dorée désormais immobile, accompagnée d'un battant permettant de la faire tinter. Mais ce n'est pas tout : à côté d'elle se trouve une bâtisse en ruines, un tas de bois noirci par les flammes qui fût un temps était peut-être un bar, dont les portes à double battants semblent tout droit sorties d'un western. En tout cas, l'austère bâtisse qui n'a rien à faire dans ce petit village semble avoir été inoccupée depuis bien longtemps désormais, à en juger par son état.

Eve approche encore lentement jusqu'à arriver au niveau de la cloche qu'elle regarde avec grande obsession, manquant presque d'apercevoir le vieux bar qui pourtant devrait attirer toute son attention. C'est ce qu'il va faire une fois que la blonde détache enfin des yeux de la cloche, quelques instants plus tard.

- Oooooooohh...

La vue de cette bâtisse en ruine impressionne la curiosité d'Eve, avant de l'accabler d'une terrible réalisation. Elle connait son petit village par cœur, mais elle n'a jamais vu ce bar. Son cerveau a tout de suite le vertige. Elle hésite à repartir d'ici en courant, mais quand elle se retourne, elle ne voit que la brume absorbante. Eve ne veut pas y retourner ! Il ne reste que ce bâtiment étrange et tout cassé. Alors elle approche des portes à double battantes, cherchant un moyen de voir à l'intérieur sans les ouvrir.

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Elle peut sans problème regarder à l'intérieur des portes, puisqu'un petit espace est ouvert en dessus et en dessous de celles-ci, mais elle ne perçoit à l'intérieur rien d'autre qu'une obscurité totale. La seule source de lumière provient de l'éclat immaculé de la cloche dorée, et de son battant qui n'attend que d'être secoué pour sonner à nouveau.

- Il y a quelqu'uuuuuun ?..

Eve décide de pousser les portes et d'entrer à l'intérieur, même si l'ambiance obscure et abandonnée lui file de sacrés frissons. Il doit forcément y avoir quelqu'un puisque les cloches ne sonnent pas toutes seules !

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Impossible pour Eve de pousser les portes, et rien d'autre que le silence ne lui répond, d'autant plus que le tintement de la cloche a cessé. Les ruines sont désespérément vides, et mortes.

- Je m'appelle Eve Meyer, j'ai entendu votre clocheeeeette !

Eve insiste, cela lui semble étrange et même improbable qu'il n'y ait personne ici. Elle n'a pourtant pas rêvé, elle a bien... oh. Si ça se trouve, elle rêve !

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Personne ne répond à notre pauvre Eve. Personne d'autre n'est présent : ce n'est qu'elle et cette curieuse cloche, tristement silencieuse.

- Allooooo ? Allooooo ? Il y a quelqu'uuuuuun ? Alloooooooooo ?

Eve insiste sans se lasser et se permet même de secouer la cloche pour s'assurer qu'on l'entende. Rêve ou pas, elle n'accepte pas d'être toute seule ici !

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Lorsque Eve fait sonner la cloche, celle-ci se met à tinter à une vitesse croissante, et le volume s'intensifie crescendo si bien que notre héroïne a rapidement l'impression d'entendre son son résonner à l'intérieur même de sa boîte crânienne, ce qui lui provoque par la même occasion une sourde douleur à l'encéphale. Cela dure peut-être une dizaine de secondes avant que le bruit cesse, aussi sec. Lorsqu'elle reportera les yeux sur la bâtisse, elle pourra la voir changée du tout au tout. A la place du tas de ruines noirci par le feu se trouve désormais un bar flambant neuf, rétro : la façade est peinte en bleu, et elle peut apercevoir derrière les portes à double-battant des rideaux pourpres cachant l'intérieur du bar, éclairé et d'où un air de jazz se fait entendre. Enfin, un néon orne la façade, donnant au bar son nom que Eve a peut-être déjà entendu dans l'une ou l'autre légende urbaine : Blue Moon. Si l'endroit semblait vide quelques secondes auparavant, il est désormais de nouveau plein de vie.

Eve grimace à la douleur. Elle ferme les yeux et attend qu'elle s'en aille. Elle n'aime pas avoir mal quelque part. Mais quand elle réouvre finalement les yeux, elle remarque tous les changements. D'abord sans voix, il lui faut un petit moment pour comprendre la situation; un moment où elle ne prononce pas un mot. Ce sont ses yeux qui se chargent d'émotions. Quel superbe rêve !

- Oooooooh...

D'abord hésitante, elle décide de pousser les portes à double-battant, oubliant totalement qu'elles étaient pourtant restées fermées la première fois qu'elle a tenté de forcer le passage.

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Cette fois-ci, elles s'ouvrent sans difficulté, et Eve n'a plus qu'à traverser les rideaux pourpres pour pénétrer dans le bar.

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